Chaque année, le mois d’avril marque un tournant dans plusieurs secteurs clés, notamment celui de la rénovation énergétique. Tarifs révisés, dispositifs d’aide actualisés, nouvelles obligations réglementaires… Ces ajustements, souvent attendus ou redoutés, ont un impact direct sur les foyers, les entreprises et les acteurs du bâtiment.
L’objectif ? Adapter les politiques publiques aux réalités économiques, climatiques et sociales, tout en poursuivant les engagements liés à la transition énergétique.
Avril 2025 ne fait pas exception. Voici un tour d’horizon des mesures et changements notables entrés en vigueur ce mois-ci.
Revalorisation des Certificats d'Économies d'Énergie (CEE)
La cinquième période du dispositif des CEE, couvrant les années 2022 à 2025, a vu ses objectifs rehaussés pour encourager davantage les actions en faveur de la transition énergétique. Initialement fixée à 2 500 TWh cumac*, l’obligation théorique a été portée à 3 100 TWh cumac, soit une augmentation de 24 %. Cette hausse traduit la volonté des pouvoirs publics d’accélérer les économies d’énergie et de réduire l’empreinte carbone nationale.
*Unité employée dans le calcul des primes CEE
Rééquilibrage des aides en faveur des secteurs agricoles et industriels
Jusqu’à présent, le secteur résidentiel bénéficiait majoritairement des CEE, représentant 62 % des volumes générés, alors qu’il n’était responsable que de 16 % des émissions de gaz à effet de serre en France. À l’inverse, le secteur agricole, contribuant à environ 19 % des émissions, ne recevait que 1,8 % des CEE. Pour corriger ce déséquilibre, les autorités ont décidé d’augmenter les forfaits des fiches d’opérations standardisées spécifiques à l’agriculture, telles que le « déshumidificateur thermodynamique pour serres ». Cette mesure vise à encourager les agriculteurs à adopter des technologies plus économes en énergie, contribuant ainsi à la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre.
Maintien du soutien au secteur résidentiel
Parallèlement, le soutien au secteur résidentiel est consolidé par la revalorisation des forfaits CEE pour certaines opérations standardisées. Par exemple, les aides pour l’installation de pompes à chaleur collectives de type air/eau ou eau/eau destinées à la production d’eau chaude sanitaire ont été augmentées. De même, les opérations de désembouage des réseaux hydrauliques individuels ou collectifs de chauffage bénéficient désormais de forfaits revalorisés. Ces ajustements visent à encourager les ménages et les copropriétés à entreprendre des travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique de leurs systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire.
Alignement avec la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE)
Ces ajustements s’inscrivent dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), qui prévoit notamment la rénovation de 600 000 logements par an et une réduction structurelle des consommations d’énergie à l’échelle nationale. Cette réforme vise à amplifier les économies d’énergie là où les émissions de gaz à effet de serre sont les plus élevées, contribuant ainsi à l’objectif de neutralité carbone.
Envolée du prix du gaz
La Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a annoncé une augmentation de 2,27 % du Prix Repère de Vente de Gaz naturel (PRVG) à partir d’avril 2025. Concrètement, cela se traduit par un prix du kilowattheure (kWh) fixé à 0,1241 € pour les ménages utilisant le gaz pour le chauffage, et à 0,1531 € pour ceux l’employant uniquement pour l’eau chaude et la cuisson. Le coût annuel de l’abonnement demeure inchangé, s’établissant à 277,43 € pour les foyers chauffés au gaz et à 114,30 € pour les autres.
Cette augmentation s’inscrit dans une série de hausses mensuelles observées depuis le début de l’année 2025. Par exemple, en janvier 2025, le prix repère moyen de vente de gaz naturel était de 145,04 €/MWh TTC, marquant une hausse de 4,38 % par rapport à décembre 2024. En mars 2025, ce prix avait atteint 148,00 €/MWh TTC, avant d’atteindre 150,70 €/MWh TTC en avril 2025.
Impact sur les factures des ménages
Pour un foyer moyen consommant 11 200 kWh par an, la facture annuelle de gaz s’élève désormais à environ 1 667 €, contre 1 637 € en mars 2025, soit une augmentation de 30 € en un mois. Depuis janvier 2025, cette facture a augmenté d’environ 62 €, reflétant l’impact cumulé des hausses successives.
Chèque énergie : modifications et calendrier
Traditionnellement, les chèques énergie étaient envoyés aux bénéficiaires au printemps. Cependant, en raison de l’adoption tardive de la loi de finances pour 2025, l’envoi des chèques est exceptionnellement reporté à novembre 2025. Cette modification vise à assurer une distribution conforme aux nouvelles dispositions législatives.
Montant et éligibilité
Le chèque énergie, d’un montant compris entre 48 € et 277 €, est destiné à environ 5,5 millions de foyers modestes. L’éligibilité repose sur le revenu fiscal de référence (RFR) par unité de consommation (UC). Les critères précis pour la campagne 2025 sont en cours de définition, mais il est probable que le plafond d’éligibilité soit fixé à un RFR/UC inférieur à 11 000 €.
À partir de l’été 2025, une option de dématérialisation, appelée « e-chèque », sera mise en place. Les bénéficiaires pourront accéder directement au montant de leur chèque énergie dans leur espace personnalisé sur le site dédié et l’utiliser en plusieurs fois auprès des fournisseurs d’électricité et de gaz naturel acceptant ce service
Un audit énergétique bientôt obligatoire pour l’Éco-PTZ : ce qu’il faut anticiper
Annoncée début avril 2025 par un arrêté publié au Journal officiel, une nouvelle condition s’ajoutera bientôt à l’obtention de l’Éco-Prêt à Taux Zéro (Éco-PTZ) : à partir du 1ᵉʳ juillet 2025, les bénéficiaires devront impérativement fournir un audit énergétique préalable pour pouvoir débloquer ce financement.
L’objectif est clair : garantir que les travaux financés permettent un gain énergétique d’au moins 35 %, et qu’ils sortent le logement du statut de « passoire thermique » (étiquettes F ou G). Le montant maximal du prêt reste inchangé, à 50 000 € sur 20 ans, mais cette nouvelle exigence vise à renforcer l’impact réel des rénovations engagées.